J'écris, encore sous le choc de cette soirée...
16h30, j'attrape mes clefs de voiture et j'décolle, deux guitares dans le coffre (celle de ma mère, et l'électrique au cas où), mon accordeur et le plein de médiators dans une poche, mais surtout, l'excitation et le stress dans le coeur.
17h30, j'arrive en ville, j'ai jamais repéré les lieux, j'suis en terrain inconnu première réflexion "négative": MAIS
QU'EST-CE QUE J'VIENS FOUTRE LA? L'idée de faire demi-tour me traverse bien l'esprit (surtout après avoir tourné pour trouver ce putain de bars) pourtant, je continue a chercher... Puis j'en ai marre, j'me dit "Vas-y Rippy, trouve toi une place de parking, et va te boire un coup dans un bar, au passage, tu demanderas où est leur tant recherché concurrent". Et la, comme par magie, le premier bar que j'trouve est celui que j'cherche... J'entre les mains dans les poches. J'ai du marquer un temps d'arrêt a la porte toujours est-il que le sentiment de solitude et de peur monte tout de suite d'un cran. J'ai l'impression que ce moment sur le pas de la porte a duré une éternité...
"Courage moussaillon!" j'me suis souvenue de c'te phrase. C'te putain de phrase. Les larmes ont commencé a monter aux yeux. Machinalement, j'ai regardé le "barman", qu'a du pas comprendre ce que j'lui voulais sur le coup, et j'ai sortit un "je reviens", fait demi-tour brutalement, et re-franchis la porte en sens inverse. Direction la voiture, récupération de la guitare classique, et retour a la case départ, je passe une troisième fois la porte mais avec ma guitare cette fois ci.
"M******, j'crois que c'est pour toi!" C'est de moi qu'on parle? Le mec derrière le comptoir a pourtant bien l'air de me fixer. Je devais être rouge comme une tomate, en tout cas, j'avais les joues en feu. "Il arrive." Oui, bon ben c'est bien pour moi. Sur le coup, j'vous assure que la question
MAIS COMMENT IL A SU QUE JE VENAIS JOUER? m'as très fortement perturbé. Seulement maintenant, j'pense qu'une nana avec une guitare sur le dos aussi en stress que moi, il doivent pas en croiser des masses qui viennent pas pour jouer, surtout un jour où une nana est programmée en concert le soir...
Un mec sors de derrière un rideau (qui sert de porte, j'vous rassure, j'suis pas allée jouer dans une école maternelle ^^), me souris, me salue de la tête et m'invite a le suivre... Il va s'assoir a une table, machinalement, j'pose la guitare et j'm'assoie en face...
"Bon alors, tu bois quelques choses?" Ah oui, c'est vrai, j'avais soif ya pas si longtemps... "Euh... Disons..." Un long temps d'hésitation pèse "Un IceTea." Le mec se lève, me lance un "sors la guitare, accordes la, j'arrive" et repart chercher la commande. Sortir la guitare? La de suite comme ça? Bon ok... J'm'execute, doucement mais surement, j'm'installe, j'accorde... J'lève la tête, j'fais un bond.
MAIS BORDEL, IL EST DÉJÀ REVENU? Il m'a fait peur ce con!
"Bon alors, j'te paye ton IceTea, mais j'voudrais un morceau là de suite..." Les joues sont encore plus brulante que tout a l'heure. "Euh... Ok"
Mais laquelle?
J'laisse mes doigts se placer, il atterrissent sur un ré... Bon, ben, maintenant, une chanson qui commence par un ré, il y a quoi? Ironic d'Alanis Morissette. C'est parti, je commence a gratouiller, a chanter, la voix un poil tremblante, avouons-le.
Le temps passe petit a petit. On parle de zic, il m'en fait jouer quelques autres, me file des conseils... Et merde, il est déjà 19h30. Il me traine derrière le rideau qu'il avait franchis 2 heures plus tôt, me colle une guitare électro-acoustique Takamine entre les doigts.
Ha merde, j'voulais jouer sur ma classique moi... "T'as une demi heure pour te préparer, l'accorder, et t'échauffer, moi j'vais vérifier une dernière fois les branchages et c'est a toi, tu joue une heure, en première partie de ... (impossible de me souvenir du nom du groupe après moi).
RE-PAF UNE CLAQUE DANS LA GUEULE: stress qui monte. Merde, putain, qu'est-ce que j'fous la toute seule? Ya personne pour oser me dire "mais si mais si tu va y arriver" Une larme monte, puis deux... Les nerfs lâchent... Cette demi-heure me semble longue et trop courte a la fois. Pas assez de temps pour me préparer, et trop de temps pour angoisser.
20h sonne, M****** vient me chercher. Une fois sortie de la pièce ou j'étais seule, le choc: La pièce s'est remplie, les clients se sont multiplié en une heure de temps.
La, les 5 premières minutes les plus longues de ma vie, le "Hallelujah" le plus stressant. Mais la récompense qui suit, un plaisir, un pur bonheur: des applaudissements, et surtout, une nana discrète assise au coin, qui m'applaudit, un sourire ... pincé dira-t-on ... et surtout, les larmes aux yeux. Elle! Elle elle est rentrée, elle a compris, elle a ressentis! J'en ai au moins une avec moi! Une inconnu, mais elle, elle m'écoute, elle m'entends.
La suite, j'la joue pour elle, avec elle... Puis d'autres entrent petit a petit... Alors, je joue pour eux, et avec eux. Les couacs arrivent et reparte, peu importe, pas de "oh putain" à contenir, j'continue, ça continue, tout seul. Pas besoin de reflechir. J'me fait mon monde dans ma tête. Des souvenirs qui reviennent. Des images aussi. Des sentiments...
Et l'heure de la fin arrive, trop vite... On me laisse le répit d'UNE chanson (ce sera Another Lonely Day de Ben Harper, loin d'être parfaite, avec un couplet en moins: ooooops j'l'ai oublié)
J'quitte la "scène", retourne en "coulisse" et m'écroule sur une chaise... M****** installe les autres musiciens, les lance et repasse me voir en coup de vent:
"-Alors, c'était si terrible?"
"-Nan, c'était plus que mieux!" 
Jeu 19 Mar - 3:01
